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Les impasses de la sociogénomique
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À partir des années 2000, les technologies de séquençage et de génotypage à haut débit se développent très rapidement. On peut dès lors étudier simultanément un grand nombre de marqueurs génétiques chez un grand nombre de sujets, ce qui permet l’apparition des « études d’associations pangénomiques » et des « scores de risques polygénique ». C’est dans ce contexte de progrès technologiques et statistiques que la « sociogénomique » – entendue comme la combinaison de la sociologie et de la génétique – apparaît et se diffuse dans le champ des sciences sociales. Or les méthodes utilisées par les sociogénomistes reposent sur un certain nombre de présupposés conceptuels et statistiques, dont la validité pose problème. Indépendamment des limites des outils utilisés, il apparaît que, à l’heure actuelle, les travaux de sociogénomique n’apportent qu’une faible contribution à la connaissance sociologique et démographique. On est le plus souvent en présence d’un acte de foi dans le progrès de la sociogénomique par l’intermédiaire des progrès techniques, sans remise en cause du modèle biologique sur lequel tout repose. De ce point de vue, l’écho des divers appels à la prudence des sociétés savantes en génétique humaine ne semble pas (encore) avoir porté jusqu’à ces « entrepreneurs de génétique » en sciences sociales.
Beginning in the 2000s, high-throughput sequencing and genotyping technologies developed rapidly. This made it possible to study many genetic markers at once in many subjects, leading to the development of genome-wide association studies and polygenic risk scores. It is in this context of technological and statistical progress that sociogenomics, understood as the combination of sociology and genetics, appeared and spread within the social sciences. But the methods used by sociogenomicists are based on several conceptual and statistical presuppositions of doubtful validity. Independently of the limitations of the tools used, the results of sociogenomics research have contributed little to sociological and demographic knowledge. Studies in sociogenomics most often express a faith in the progress of the field through technical advancements, without questioning the biological model on which the entire enterprise is based. From this perspective, the sound of multiple calls for caution from learned societies in human genetics does not seem (yet) to have reached these ‘genetic entrepreneurs’ in the social sciences.
A partir de la década de 2000, las tecnologías de secuenciación y genotipado de alto rendimiento se desarrollaron muy rápidamente. Así, es posible estudiar simultáneamente un gran número de marcadores genéticos en un gran número de sujetos, lo que permite la aparición de «estudios de asociación pangenómicos» y «puntuaciones de riesgo poligénico». En este contexto de progreso tecnológico y estadístico, la «sociogenómica» —entendida como la combinación de sociología y genética— aparece y se difunde en el campo de las ciencias sociales. Sin embargo, los métodos utilizados por los sociogenomistas se basan en una serie de presupuestos conceptuales y estadísticos cuya validez es problemática. Independientemente de las limitaciones de las herramientas utilizadas, parece que, en la actualidad, los trabajos de sociogenómica solo aportan una pequeña contribución al conocimiento sociológico y demográfico. La mayoría de las veces, estamos ante un acto de fe en el progreso de la sociogenómica a través del progreso técnico, sin cuestionar el modelo biológico en el que se basa todo. Desde este punto de vista, el eco de los diversos llamados a la prudencia de las sociedades científicas en materia de genética humana no parece haber llegado (todavía) a estos «emprendedores genéticos» de las ciencias sociales.
Voir le numéro de la revue «Population [INED], Volume 77 N°2, Avril - septembre 2022»
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